Saviez-vous qu’un accident évitable peut paralyser une entreprise ? Découvrez dans cet article les dangers les plus fréquents – TMS, stress, chutes, produits chimiques – et des exemples de mesures pour les éliminer/ réduire. Une analyse claire, des solutions éprouvées et des exemples concrets pour transformer un risque en bonne pratique.
Troubles musculosquelettiques (TMS)
Les troubles musculosquelettiques (TMS) affectent muscles, tendons et articulations. 87% des maladies professionnelles en France en 2019 concernaient ces pathologies. Secteurs comme la santé, l’industrie et le transport sont particulièrement touchés par ces affections déclenchées par des mouvements répétitifs ou des postures statiques prolongées.
Les postures statiques et les mouvements répétitifs provoquent des microtraumatismes. Travailler les bras levés ou rester debout longtemps surcharge articulations et muscles. Ces facteurs biomécaniques associés à une pression temporelle excessive ou un manque d’autonomie augmentent significativement les risques de développement de TMS.
Les TMS provoquent des douleurs chroniques, pertes de force musculaire et incapacités.
Les TMS sont une source de désorganisation, ils peuvent entraîner une baisse de performance pour l’entreprise (diminution de la productivité, de la qualité…) et avoir un impact majeur en matière d’absentéisme et de turnover.
Principales affections musculosquelettiques et zones corporelles touchées
Trouble musculosquelettique | Zones corporelles concernées | Fréquence |
---|---|---|
Douleurs lombaires | Bas dos | 35% des cas |
Tendinites | Poignets, épaules | 28% des cas |
Syndrome du canal carpien | Main, poignet | 18% des cas |
Arthrose précoce | Genoux, hanches | 12% des cas |
Adapter les postes de travail réduit les TMS. Utiliser des bureaux réglables, des outils ergonomiques et alterner les postures sont des solutions efficaces. Dans l’industrie, des aménagements simples comme des repose-pieds ou des étagères ajustables diminuent significativement les risques liés aux mouvements répétitifs.
Former aux bonnes postures est important. Des ateliers pratiques avec des ergonomistes permettent d’identifier les risques. La médecine du travail joue un rôle clé via des visites régulières pour détecter les premiers signes de TMS et recommander des aménagements individuels ou collectifs.
Risques psychosociaux
Les risques psychosociaux (RPS) correspondent à des situations de travail où sont présents, combinés ou non :
- du stress : déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes de son environnement de travail et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ;
- des violences internes commises au sein de l’entreprise par des salariés : harcèlement moral ou sexuel, conflits exacerbés entre des personnes ou entre des équipes ;
- des violences externes commises sur des salariés par des personnes externes à l’entreprise (insultes, menaces, agressions…).
Ce sont des risques qui peuvent être induits par l’activité elle-même ou générés par l’organisation et les relations de travail.
Conséquences sur le travail :
- Absentéisme croissant et désengagement professionnel
- Détérioration de l’ambiance collective et perte de motivation
Conséquences sur la santé des salariés, notamment en termes de maladies cardio-vasculaires, de troubles musculosquelettiques, de troubles anxio-dépressifs, d’épuisement professionnel, voire de suicide…
Rappelons que le chef d’entreprise doit assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés au travail. Pour remplir cette obligation, il doit privilégier les actions de prévention collective, centrées sur le travail et son organisation. Celles-ci permettent en effet d’agir sur les causes du stress plutôt que sur ses symptômes.
Pour réduire les RPS, il faut repenser l’organisation du travail. Des diagnostics participatifs, des formations managériales et des politiques de reconnaissance améliorent le bien-être. La subvention « RPS Accompagnement » soutient ces démarches préventives en entreprise.
Les dispositifs incluent des lignes d’écoute psychologique et des entretiens individuels. Les outils numériques comme le Compte AT/MP peuvent aussi être utilisés. Employeurs, DRH et médecins du travail collaborent. Des plateformes numériques orientent les salariés vers des solutions adaptées, avec un suivi personnalisé pour prévenir les burnout.
Agressions et violences externes au travail
Les violences externes sont des violences exercées contre un salarié sur son lieu de travail (ou tout autre lieu dans lequel il est amené à se rendre pour des motifs professionnels), par un ou des individus extérieurs à l’entreprise (clients, usagers, patients…).
Celles-ci peuvent prendre différentes formes : incivilités, menaces, agressions verbales ou physiques ou actes de vandalisme. Quelles qu’elles soient, ces violences peuvent porter atteinte à la santé et la sécurité des salariés concernés…
Dans les métiers où les salariés sont en contact avec le public, les employeurs doivent évaluer et prévenir de tels risques et anticiper des mesures à mettre en place en cas d’événement violent ou d’agression. Ainsi, une réflexion doit également être menée en amont sur les façons d’éviter que de tels agissements ne surviennent.
Insultes, menaces ou coups représentent 80% des incidents. Les tensions surgissent souvent sur fond de stress, de fatigue ou d’attente prolongée. Les services d’accueil, les urgences médicales et les transports en commun concentrent les situations à risque.
79% des victimes développent stress post-traumatique ou anxiété. Nuits blanches, perte de confiance et repli sur soi suivent les attaques. L’ambiance se tend, la productivité chute, la solidarité s’érode. Le collectif se fragilise sous l’effet de la peur et du doute.
Pour prévenir ces risques de violence, il est possible de s’inspirer de la démarche de prévention des risques psychosociaux.
Caractériser les risques de violence dans l’entreprise
Au cours de l’évaluation des risques, la participation des travailleurs ou de leurs représentants est nécessaire pour identifier les situations de travail au cours desquelles des violences peuvent survenir. Une attention particulière doit être accordée aux situations pouvant concerner :
- des travailleurs intérimaires ou de nouveaux embauchés ;
- des salariés amenés à se déplacer hors de l’entreprise ;
- les travailleurs isolés.
Les recueils d’accidents ou d’incidents déjà survenus dans l’entreprise, les informations recueillies par le service de prévention et de santé au travail, les plaintes exprimées par les salariés sont quelques-unes des sources d’information à exploiter à cette étape. Toutefois, le nombre de cas concernant les violences peut être sous-évalué, car il arrive que leur survenue soit vécue par les salariés comme un échec et de ce fait les faits ne sont pas signalés.
Le travail de repérage des situations à risque est l’occasion de réfléchir à un système de remontée d’informations fiables (respect de la confidentialité, encouragement des salariés et de l’encadrement à déclarer les violences, assurance que les déclarations sont suivies de mesures de prévention adaptées…).
L’entreprise peut tenir à jour un registre des événements violents ou à défaut diffuser un questionnaire dans l’entreprise afin de repérer les postes exposés ou interroger les salariés occupant de tels postes quand ils sont déjà repérés.
Analyser les situations d’exposition à la violence et identifier les facteurs de risques
Il convient de rechercher les principaux facteurs pouvant contribuer à la survenue d’actes hostiles ou aggraver les répercussions de tels actes. Ces facteurs peuvent être liés au fonctionnement de l’entreprise, à son organisation du travail ou à son environnement.
Les pistes d’actions
La prévention des risques de violence regroupe deux types de prévention :
la prévention des causes de violence qui tend à intervenir, en amont, sur les déterminants de cette violence :
- Définir clairement les engagements de l’entreprise
- Optimiser la gestion de la relation de service : Adapter le nombre de salariés mobilisés selon les horaires d’affluence
- Améliorer les modes de fonctionnement de l’entreprise et son organisation au travail
la prévention des risques de passage à l’acte violent, qui s’attache à réduire les risques d’expression de cette violence à l’encontre des salariés.
- Aménager les espaces d’accueil du public
- Assurer la protection des salariés et sécuriser les locaux et les espaces de travail
- Dissuader les actes de violences : Caméras discrètes, éclairage optimal et espaces dégagés dissuadent les agressions. Portes sécurisées, zones de repli et bornes d’appel d’urgence créent un environnement protecteur. Un aménagement judicieux diminue de 40% les incidents répétitifs.
- Former les salariés en contact avec le public et leur encadrement : Désamorcer sans envenimer, écouter sans céder, répondre sans heurter. Ces techniques s’acquièrent par la pratique. Des mises en situation réalistes transforment les réflexes et aiguisent l’intelligence relationnelle face à l’adversité.
Prise en charge médico-sociale
Il importe d’inciter les victimes à informer systématiquement leur employeur des agressions qu’ils ont pu subir. Selon le caractère de gravité de l’agression, celle-ci être déclarée directement par l’employeur auprès de la caisse primaire d’assurance maladie ou bien d’être inscrite sur le registre d’accidents bénins, détenu éventuellement par l’entreprise. Cette déclaration permet, le cas échéant, de pouvoir obtenir réparation des lésions ou traumatismes, au titre de l’accident de travail.
Les traumatismes psychologiques, et plus particulièrement le stress post-traumatique consécutif à une agression, sont reconnus comme accident du travail sous certaines conditions :
- survenance des faits au temps et au lieu de travail,
- apparition des troubles dans un temps voisin des faits.
Si les manifestations sont plus tardives, le salarié doit alors apporter la preuve que son état pathologique résulte bien du fait accidentel (charte AT/MP sur la prise en charge des traumatismes psychologiques au titre des accidents du travail, CNAMTS, 2013).
Une déclaration immédiate, soutien psychologique et suivi médical constituent les étapes clés.
Source : https://www.inrs.fr/publications/essentiels/violence-externe.html
Risques de chutes de plain-pied
Les chutes de plain-pied, qui représentent la deuxième cause d’accidents du travail, sont souvent perçues comme inévitables et bénignes. Néanmoins, des mesures de prévention existent et permettent d’éviter ou de réduire ce risque.
Facteurs liés aux dispositions techniques
- Glissance des sols : adhérence des sols, ruptures de niveaux…
- Souillure des sols : présence sur le sol d’eau, d’huile, de café renversé, par exemple.
- Aménagement des sols : tapis non fixés, différences de niveaux non signalées…
- Dimensions des circulations : couloirs étroits…
- Présence d’obstacles dans la zone de circulation piétonne : câble ou outil qui traîne, tiroir ouvert…
- Aménagement des escaliers : rampes inadaptées, présence de trous sur les marches…
- Circulation autour des machines : fuites d’huile à proximité des machines, passages étroits entre les machines…
- Éclairage des circulations : non adapté, ampoules défectueuses non remplacées.
- Chaussures de travail non adaptées à l’activité.
Facteurs liés aux mesures organisationnelles
- Maintien en état des sols : trous sur le sol, neige non dégagée, verglas…
- Maintenance des équipements : machines non entretenues, chaussures de travail non remplacées.
- Prise en compte des retours d’expérience sur les accidents ou presque accidents non effectuée.
- Interventions des entreprises extérieures sans plan de prévention
- Gestion des déplacements non planifiée et effectuée dans l’urgence.
- Formation ou sensibilisation des salariés aux risques de chutes de plain-pied inexistante.
La démarche de prévention devra s’attacher à repérer les facteurs de risque afin d’identifier les situations propices à la survenue des accidents.
On agira sur plusieurs paramètres : l’espace de travail, les sols, l’environnement, l’organisation, la formation et l’information des salariés.
Voici quelques exemples proposés dans la brochure INRS ED 6458
Actions sur l’espace de travail
- Voies de circulation : il s’agit de traiter les aspérités, de boucher les trous et de supprimer les obstacles éventuels. De manière générale, les marches isolées doivent être évitées autant que possible, sinon elles doivent être signalées visuellement.
- Implantation des équipements : il s’agit de faciliter le des salariés à proximité.
Les espaces autour des équipements doivent être optimisés afin de permettre une circulation
aisée pour la réalisation des tâches et des opérations de maintenance éventuelles.
- Encombrement des sols : il convient d’éviter l’encombrement des sols par la mise en place
de rangements (armoires, racks… et en aménageant tout ce qui faire (mise en place de goulottes les câbles, fixation des tapis…)
Actions sur les sols
- Nettoyage des sols : lorsqu’il n’est pas possible de supprimer la cause de la du sol, la priorité est de procéder à un nettoyage approprié. Les zones concernées par des souillures au sol (présence d’eau, par exemple) doivent être balisées et signalées dans l’attente de l’opération de nettoyage.
- Mise en place de revêtements antidérapants : dans les zones le sol reste gras ou humide, il est nécessaire de mettre en place des revêtements de sol antidérapants. Le passage entre deux sols de glissance très différente est à éviter.
Produits chimiques
L’industrie chimique représente 60% des expositions professionnelles aux agents dangereux. Données INRS 2023 –
Les produits chimiques dangereux incluent solvants, acides, bases et substances CMR. Présents dans l’industrie, l’agroalimentaire et le BTP, ils exposent un salarié sur trois. La pétrochimie et la fabrication de polymères en concentrent les risques les plus élevés, nécessitant des mesures spécifiques d’évaluation et de prévention.
Principales catégories de produits chimiques dangereux en entreprise
Type de produit | Secteurs concernés | Exemples concrets |
---|---|---|
Solvants organiques |
Industrie chimique, peinture |
|
Acides/bases |
Métallurgie, laboratoires |
|
Inflammables |
Pétrochimie, stockage | Essence, propane |
CMR | Santé, agriculture | Amiante, pesticides |
Le règlement CLP a pour objet d’assurer un niveau élevé de protection de la santé humaine et de l’environnement, ainsi que la libre circulation des substances, des mélanges et des articles.
L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) œuvre pour une utilisation sûre des produits chimiques. Elle met en œuvre la législation européenne innovante sur les produits chimiques, au bénéfice de la santé humaine, de l’environnement, de l’innovation et de la compétitivité en Europe.
Les effets immédiats incluent irritations et intoxications. À long terme, les risques comprennent cancers, asthme et perturbations hormonales. L’exposition chronique aux pesticides et amiante entraîne des pathologies graves. En 2017, 11% des salariés étaient exposés à des cancérogènes.
L’employeur doit évaluer les risques chimiques, tenir un DUERP et une liste des travailleurs exposés aux CMR. Le stockage répond à des normes strictes. Les fiches de données de sécurité doivent être accessibles. La traçabilité des expositions est obligatoire pour les agents les plus dangereux.
- Substitution par des produits moins toxiques
- Isolation des zones à risque
- Ventilation mécanique contrôlée
- Limitation du temps d’exposition
- Formation spécifique au risque chimique
Les EPI obligatoires doivent être adaptés au produit manipulé. Gants anti-chimiques, lunettes de protection et vêtements étanches protègent contre les projections. L’entretien régulier garantit leur efficacité. L’employeur fournit ces équipements gratuitement.
Risques liés aux horaires atypiques
Les horaires atypiques incluent nuits, week-ends et rotations irrégulières. 45% des salariés en France y sont soumis, avec des pics dans la santé, l’industrie et les services d’urgence. Ces plannings dérangent le rythme biologique naturel, créant un décalage entre l’horloge interne et les exigences professionnelles.
Le travail de nuit désynchronise l’horloge circadienne, perturbant sommeil et métabolisme. Les cycles de 23h30 à 24h30 se cassent, entraînant fatigue chronique. Les soignantes de nuit perdent en moyenne 3,1 heures de sommeil par rapport aux équipes en alternance (1,6 heure). Cette rupture biologique affecte la vigilance et la santé à long terme.
Traverser des horaires chaotiques expose à des troubles du sommeil, digestifs et cardiovasculaires. 2 salariés sur 3 en plannings atypiques développent des pathologies métaboliques. La sécrétion hormonale se désorganise, augmentant les risques de diabète et d’hypertension. La vigilance chute, multipliant les erreurs professionnelles.
Les contraintes horaires isolent socialement. 40% des employés déclarent un impact négatif sur leur santé mentale. Les familles souffrent de la désynchronisation : difficultés à organiser la garde d’enfants, tensions conjugales. Les mères, plus souvent sollicitées, sacrifient leur temps personnel pour équilibrer vie familiale et contrats de travail.
Pour limiter les dégâts, appliquer un repos quotidien de 11 heures et un week-end de 35 heures. Privilégier des rotations rapides (jour-soir-nuit) plutôt que des blocs hebdomadaires. Le système 4X3 équilibre productivité et récupération, réduisant les troubles physiologiques de 25%.
Le Service de Prévention et de Santé au Travail surveille les travailleurs postés. Des visites médicales renforcées tous les 4 ans détectent les fragilités. Des conseils nutritionnels et sportifs atténuent les effets du dérèglement biologique. Les aménagements de poste, comme des pauses stratégiques, protègent la santé mentale et physique des salariés.
En synthèse
Garantir la santé des employés revient à investir dans la pérennité de l’entreprise. Chaque action préventive permet de préserver du temps, de l’argent et du bien-être.